Ensemble # 40 | Juvisy Mag | Mars 2025
19 • Ensemble #40 • Mars 2025 Focus Michel Raffard PORTRAIT L’histoire de Juvisy est faite de grands personnages qui ont beaucoup donné à cette ville. C’est le cas de Camille Lambert, peintre belge venu s’installer dans notre ville en 1918. Disparu en 1964, il nous reste de lui notre école d’art, le fonds municipal des œuvres qu’il a léguées à la commune et les témoignages de ceux qui l’ont connu. Parmi eux, Michel Raffard, un des modèles du peintre, qui nous a conté la très belle histoire d’un visage d’enfant qui a ressurgi des décombres du bombardement… Michel Raffard est ce que l’on appelle « un historique de l’étape » qui connaît Juvisy et son secteur comme le fond de sa poche. Né à Paris en 1936, il est arrivé à Juvisy à l'âge d'un an avec ses parents qui travaillaient aux PTT. Parmi les souvenirs du petit enfant qu’il fut durant la guerre, c’est bien le tonnerre de feu du bombardement du 18 avril 1944 qui l’a marqué le plus. « Le 18 au soir, mon père rentrant du travail avait vu des fusées éclairantes dans le ciel. Il nous demandé de descendre à la cave sans attendre. Nous habitions rue des Cailles sur le Plateau, alors nous n’avons pas subi de dégâts majeurs, mais je me souviens du vacarme des trois vagues de bombardiers qui se sont succédé. Les jours suivants, mes parents n’ont pas voulu m’emmener dans le centre-ville et aux abords de la gare qui avaient été touchés, mais je me souviens du bouleversement de la vie de la ville, avec notamment le marché qui avait été installé dans le pré derrière l’école Jaurès, mon école. » Si Michel n’a naturellement aucun souvenir de sa séance de pose pour Camille Lambert en 1938, c’est une histoire extraordinaire qu’il nous a racontée… « Ma mère connaissait très bien Lambert et sans être amie avec lui, elle l’appréciait beaucoup. Quand il a demandé à mes parents si je pouvais poser pour représenter l’enfant Jésus sur le tableau qu’il peignait pour le diocèse, ils ont accepté. Le tableau en question a donc été installé à Notre-Dame-de-Lourdes à Athis-Mons, Notre-Dame de la Voie aujourd’hui. » Michel a donc trôné durant 6 ans sur les murs de l’église jusqu’à cette nuit terrible du printemps 1944. « Après le bombardement, mon père s’est rendu sur les lieux pour voir si par hasard, le tableau avait été épargné. Malheu- reusement, tout avait été détruit. Alors qu'il repartait, le chef du chantier interpella mon père avec un petit morceau de toile miraculeusement conservé : mon visage ! Mon père est allé voir Camille Lambert qui lui a demandé de conserver ce merveilleux fragment du passé. » Aujourd’hui, le morceau de toile est la pièce maitresse d’une collection de documents et d’objets témoins de l’histoire de notre ville que Michel a réunis patiemment au fil des années. Cette belle histoire qui ressurgit du passé est une pierre de plus de construction du pa- trimoine immatériel de notre ville qu’il est nécessaire de transmettre. Les 3, 4 et 5 mai prochains, dans le cadre des 80 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale, la Ville a programmé des rencontres culturelles et artistiques autour d’une exposition qui présentera des photographies de Juvisy à l’époque, parmi lesquelles de nombreux clichés issus du fonds familial de Michel Raffard. Vous souhaitez participer à la célébration des 80 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale en faisant part de vos souvenirs ? Vous avez des documents, des objets que vous aimeriez présenter lors de l’exposition des 3, 4 et 5 mai ? Rendez-vous samedi 29 mars à partir de 16h30 aux Travées pour partager un moment convivial. + d’infos : 01 69 12 50 56 L’enfant sauvé des décombres…
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